5 ans que ma meilleure amie est décédée d'une rupture d'anévrisme.
A partir de ce moment, vous savez que votre vie ne sera plus jamais la même.
Que la personne qui vous connaissait le mieux et réciproquement ne sera plus là comme elle l'avait si souvent été pour partager, discuter, conseiller, demander un avis, en donner un, parler du plus futile au plus sérieux, ...
C'est un évènement d'une violence inouïe, on ne sait même pas comment chacun survit à un tel cataclysme...
l'anesthésie est sans doute la réaction du corps et de l'esprit.
La recherche d'une cabine téléphonique dans les rues de Rome pour appeler celui qui allait devenir son mari (tu crois que...), l'erreur du train la première fois en prépa que nous rentrions chez nos parents, l'immense joie de la naissance de son fils, l'arrivée surprise de sa fille, ma magnifique filleule, la semaine annuelle totalement régressive avec l’une autre de nos amies, les pannes récurrentes d'une 2CH louée en Martinique où les autochtones nous aidaient à la pousser avec un doigt, les quelques jours autour du réveillon qu'elle organisait pour notre petite bande dans des paysages superbes le must ayant été en Corbières à coté de l'abbaye de Lagrasse, la semaine magique au Palais Jamai à Fès où nous pouffions sans arrêt telles des ados, la douleur de la perte et les ennuis de santé des proches, le tricot sur les trajets interminables en caïques entre les Cyclades, la bande des filles avec les enfants lorsqu’ils étaient petits à Sarlat, Arcachon, Rosas, la création de son entreprise et son cortège de stress et de problèmes, le rituel du salon de thé chez Bapz que nous adorions, et les ballades sur cette terre où elle repose et dont nous sommes les résultantes d'une longue lignée et pour laquelle elle avait un attachement viscéral bien que nous en étions parties elle vers le Sud moi vers le Nord.
Et puis vous l'imaginez telle qu'elle restera, arrivant toute pimpante, s’intéressant à tout, vous bombardant de questions, mais avec cette angoisse du temps qui passe.
L'avant veille de sa mort, comme souvent je l'avais eu longuement au téléphone, je me revois sur le pont Alexandre III en train de l'écouter me raconter qu'elle avait trouvé une homéopathe à côté de chez elle avec qui elle avait eu un long et excellent contact et que ce médecin lui avait noté sur une ordonnance en gros caractère : "lâchez prise"
Ce fut le cas, c'était hier...
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