Michel Maffesoli est prof de sociologie à la Sorbonne. Une interview de lui dans Challenges m'a réjouie.
"Parler tout le temps de crise économique est une réduction abusive. La crise n'est pas financière, économique mais sociétale. Nous vivons un changement de paradigme, de modèle de société...comme il en arrive tous les trois ou quatre siècles.
Un monde moins économique, plus hédoniste et "émotionnel".
Le mythe du progrès a mené au saccage écologique. Place au présent et au carpe diem...les jeunes générations ne font plus de projet.
Pourtant les énergies sont là -330 000 entreprises ont été créées l'an dernier- mais elles se mobilisent sur l'instant. On comprend une société quand on saisit sa temporalité. Enfin, l'imaginaire supplante le rationnel. Google impose, par exemple, à ses salariés de passer 15 à 20 % de leur temps de travail à rêver ou à lire. (là, je dis bravo)
L'intelligentsia française reste sur les schémas des Lumières et se révèle incapable de dire comment les gens vivent, de mettre des mots sur les choses. Cette déconnexion légitime toutes les explosions".
- Et voilà que le Monde s'y met aussi par la plume de Didier Pourquery avec un article "si nous prenions le temps de méditer"
"c'est la société tout entière qui souffre d'un déficit d'attention ces temps-ci....Nous ne sommes plus des “êtres” humains mais des “faires” humains ! "dit le professeur Jon Kabat-Zinn professeur de médecine à l'université du Massachusetts qui enseigne la méditation
Sur France Info, en ce jour de Bac, l'écrivain Jean Teullé présentant son livre "mangez-le si vous voulez" raconte qu'il a arrêté ses études en troisième. Quand on lui demandait quel métier il voulait faire, il répondait "qu'on puisse se réveiller quand on n'a plus envie de dormir".
Pour moi, cette phrase est Le Luxe suprême!! Se réveiller lorsqu'on n'a plus envie de dormir!
Je ne sais pas pourquoi elle m'a remis en mémoire le poème que j'avais envoyé à tous mes amis lorsque j'ai commencé à travailler, ce poème de Jacques Prévert.
LE TEMPS PERDU
Devant la porte de l'usine
Le travailleur soudain s'arrête
Le beau temps l'a tiré par la veste
Et comme il se retourne
Et regarde le soleil
Tout rouge tout rond
Souriant dans son ciel de plomb
Il cligne de l'œil
Familièrement
Dis donc camarade Soleil
Tu ne trouves pas
Que c'est plutôt con
De donner une journée pareille
à un patron ?
(tableau d'un de mes chouchous, Joan Miro, personnages devant le soleil)
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